Au bout de leur rêve

Ce dimanche, je travaillais pour l’organisation du Marathon de Paris. Toujours un plaisir mais aussi un privilège de vivre de l’intérieur un événement de cette dimension. Avec près de 56 000 coureurs au départ, Paris est en effet devenu le plus grand marathon au monde (« pour de vrai », sans tricher sur les chiffres). Pour avoir couru l’épreuve à 13 reprises (sur mes 19 marathons), je pense avoir conscience de ce que représente une telle aventure dans les rues de Paris pour tous les participants. Mon objectif dans les communiqués de presse que j’écris : retranscrire une partie des émotions ressenties tout au long de la journée. Une infime partie tant elles sont multiples. Je vous mets donc ci-dessous le CP « ambiance » diffusé aujourd’hui (j’ai traité la partie des élites dans un autre CP).

55 922 coureurs, venus du monde entier, se sont élancés ce dimanche sur les Champs-Élysées à l’occasion du Schneider Electric Marathon de Paris. Le plus gros peloton au monde embarqué pour un voyage dans la plus belle ville du monde. Quel que soit le chrono affiché à l’arrivée, tous sont repartis avec des souvenirs pour la vie. 

Ils l’ont fait. Finishers ! Ce dimanche matin, ils étaient 55 922 à s’être donné rendez-vous pour une journée pleine de promesses. Un record de participation. Devant eux, 42,195 km à parcourir dans la plus belle ville du monde. La distance mythique, celle qui nourrit des rêves depuis parfois très longtemps. Celle qui intimide aussi et peut même parfois faire peur. Un jour, ils ont pourtant décidé d’aller cueillir ce rêve. Des semaines, souvent des mois d’entraînement, dans toutes les conditions. Des efforts, des sacrifices, pour enfin se retrouver là, sur cette ligne départ du Schneider Electric Marathon de Paris, à portée de ce rêve.

Descendre les Champs-Élysées emporté par l’euphorie du départ, contourner la Place de la Concorde, remonter vers l’Opéra de Paris, puis Le Louvre, l’Hôtel de Ville, la Bastille, s’engouffrer dans le Bois de Vincennes. Le voyage est beau, intense. Avec partout une ambiance qui vous transcende et vous porte. Des groupes de musiciens, les mots des bénévoles toujours bienveillants le long du parcours ou aux ravitaillements, Paris est une fête. Franchir le cap symbolique du semi-marathon dans l’est parisien avant de revenir vers le centre de la capitale. Crue de la Seine oblige, emprunter les quais hauts pour retrouver le Grand Palais, le Trocadéro avec la Tour Eiffel pour témoin puis entamer les derniers kilomètres dans les belles avenues du 16e arrondissement. Au moment de fournir les derniers efforts, les jambes sont lourdes. Pourtant, la perspective de l’arrivée fait naitre les premiers frissons de joie. Les émotions sont déjà là, prêtes à exploser. Les dernières foulées sur l’avenue Foch sont avalées, transcendé par l’euphorie de l’instant. Le rêve est là. Deux cents mètres, cent mètres, cinquante mètres, et cette arrivée. Finisher ! Pendant des heures, ils vont se succéder derrière les champions du jour, les Éthiopiens Mulugeta Uma et Mestawut Fikir. Avec pour tous des objectifs différents : battre un record, passer sous une barrière symbolique ou simplement terminer.

Des rires, des pleurs, des cris de joie, le bonheur sous toutes ses formes

Sur la ligne d’arrivée, il y a ceux qui pleurent, ceux qui rient, ceux qui tombent dans les bras d’un ami, d’un(e) compagne. Ceux aussi qui crient. Fort. Très fort. « J’ai besoin d’extérioriser, lâche Mathis, venu de Bruxelles pour son premier marathon. Pendant toute la course j’étais concentré et là, je suis trop content. J’ai commencé la course à pied en décembre. Je détestais ça. Petit à petit, j’ai commencé à y prendre goût. L’idée de courir un marathon m’est vite venue à l’esprit. Avec ma copine qui a couru aussi, on voulait quelque chose de mythique parce qu’on se disait qu’on allait peut-être faire qu’un marathon dans notre vie. Paris a été une évidence. Courir ces 42 kilomètres, c’est fantastique. J’ai eu des sensations folles dans une ville incroyable. » Comme Mathis, ils étaient 46% à prendre le départ de leur premier marathon. Même joie pour Hugo, Toulousain de 24 ans, tout juste sous la barre des 4 heures. « C’est une grande fierté. Le public c’était fou. Je ne m’attendais pas que ce soit à ce point-là ! L’organisation est aussi démentielle. »

« C’est comme courir dans une carte postale »

Maria Fernanda Vanzo Reis est une Américaine qui vit au Brésil. Elle fait partie des 28% de femmes au départ et des 31% d’étrangers. « C’était incroyable, explique-t-elle dans un grand sourire. C’est la deuxième fois que je cours ici à Paris. C’est comme courir dans une carte postale. Je reviendrai tant que je pourrai courir. C’est un long voyage mais cela en vaut la peine. Je vais aller boire une coupe de champagne maintenant ! » Lui aussi est venu de loin. Shinichi Tanaka débarque du Japon pour son 26e marathon. « C’est la première fois que je cours à Paris. Je suis très heureux. J’ai été porté toute la course par les spectateurs. Ils nous donnent une force incroyable. »

À peine la ligne franchie, beaucoup sortent le téléphone. Séquence selfie pour immortaliser l’instant. Léo et Marie-France prennent la pause. « C’était une ambiance incroyable mais j’avais oublié que ça faisait aussi mal aux jambes », rigole Léo, Grenoblois basé à Barcelone membre de la team Schneider Electric. « On avait du monde tout le temps avec des encouragements permanents, poursuit Marie-France. Ça porte énormément. Notamment sur la fin. On avait toute notre famille, nos copains venus nous encourager. Quand on les croise ça donne une grande bouffée d’air. »

Des coureurs solidaires de plus en plus nombreux

À chacun ses objectifs, à chacun ses défis et ses motivations. Dans le peloton, beaucoup sont aussi là pour soutenir des causes chères à leur cœur, transmettre des messages. Le sport comme ambassadeur, le dépassement de soi comme symbole. 

Demain, les jambes seront probablement raides pour la plupart. Mais qu’ils aient couru en 2h30, 3 heures ou même 6 heures pour les derniers arrivants, jamais ils n’oublieront ce sentiment unique d’avoir franchi la ligne d’arrivée d’un marathon.

Le 13 avril 2025, beaucoup seront de nouveau là pour la prochaine édition du Schneider Electric Marathon de Paris. A leurs côtés, d’autres chasseurs de rêves.

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