Le 3 août prochain, le peloton de l’épreuve cycliste des Jeux olympiques de Paris traversera notre ville de Saint-Germain-en-Laye. Les 90 coureurs arriveront par l’avenue du Maréchal de la Lattre de Tassigny, en provenance du Pecq, passeront devant la rampe des Grottes puis le château, s’engouffreront dans la Rue au Pain (à contresens mais la police devrait fermer les yeux…), descendront la « côte de la Clef » passeront devant le Musée départemental Maurice Denis (dommage qu’ils n’aient pas le temps de s’arrêter car il mérite le détour), et s’échapperont vers Fourqueux, Saint-Nom-la-Bretêche avant d’entamer un long trajet à travers les Yvelines. L’occasion était belle de jouer les éclaireurs et de suivre la trace exacte qu’emprunteront les champions dans notre beau département. Les professionnels n’auront pas le temps de s’attarder sur les richesses patrimoniales et culturelles du parcours, alors je l’ai fait pour eux.
Après une trentaine de kilomètres pour s’extraire de Paris, notamment en franchissant la fameuse côte des Gardes à Meudon, le peloton entrera dans les Yvelines à la sortie de Chaville par Viroflay puis par la majestueuse avenue de Paris, à Versailles. Avec évidemment un passage obligé devant le château et la statue de Louis XIV à cheval qui se dresse depuis 2009 sur la place d’Armes du château, statue dessinée par Pierre Cartellier (le cheval) et Louis Petitot (le roi). Pendant ces Jeux olympiques, les cyclistes ne seront d’ailleurs pas les seuls à profiter de la carte postale puisque les marathoniens viendront eux aussi jusqu’à Versailles avant de retourner à Paris (10 août pour les hommes, 11 août pour les femmes). Un hommage historique à la marche des femmes qui, le 5 octobre 1789, se dressèrent devant les grilles du château pour réclamer du pain (contrairement à ce que beaucoup croient, la fameuse phrase « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche », citée par Jean-Jacques Rousseau, ne fut pas prononcée à cette occasion et ne le fut pas non plus par Marie-Antoinette).
Suite du périple. Le Chesnay, La Celle-Saint-Cloud, Bougival puis passage sur la rive droite à travers les rues de Croissy, Chatou, Le Vésinet et Le Pecq avant de remonter vers Saint-Germain-en-Laye. Le peloton traversera un peu plus tard la Plaine de Versailles avant de filer vers le sud via Beynes, Méré etc. Avant d’arriver aux Mesnuls et de passer devant son château de style Louis XIII (sur une route avec une portion de pavés que je déteste), ils seront passés très proches de la maison de Jean Monnet, à Bazoches-sur-Guyonne. Un musée (gratuit) y est abrité et permet de mieux comprendre la construction européenne autour de la vie de celui qui en fut un grand artisan.
À la sortie de Neauphle-le-Vieux, une bonne côte fait chauffer les cuisses (sans doute pas celles des champions mais les miennes oui) avant de rallier Villiers-Saint-Frédéric, puis Saint-Germain-de-la-Grange, Beynes, Thiverval-Grignon.
À Chavenay, on remet le cap au sud. Avant de filer vers la Vallée de Chevreuse, les coureurs traverseront une zone relativement urbaine et passeront juste à côté du Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines (en réalité sur le territoire de Montigny) où se disputeront les épreuves olympiques de cyclisme sur piste, ainsi que celles de BMX. La colline d’Élancourt, point culminant de l’Île-de-France (231 m « d’altitude ») n’est pas très loin. Elle accueillera les épreuves de VTT (les Yvelines recevront aussi les épreuves olympiques d’équitation dans le parc du château de Versailles et celles de golf au Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines).
Les routes de la Vallée de Chevreuse, avec ses multiples côtes, sont incontournables pour tout bon cyclosportif francilien. Devant leur télé, beaucoup reconnaîtront chaque virage et presque chaque arbre. Notamment du côté des Vaux de Cernay. Les champions longeront les murs de l’Abbaye, ancien monastère cistercien du XIIe siècle, et de son parc récemment rouvert au public.
À la sortie de Chevreuse, ils apercevront le Château de la Madeleine dont la construction remonte au XIe siècle (mon spot préféré pour la vue qu’il offre sur toute la vallée). Le lieu fut fréquenté par Jean Racine quand il travaillait à l’abbaye voisine de Port-Royal des Champs. Très vite, le peloton entrera à Saint-Rémy-lès-Chevreuse en longeant le mur de la Fondation Courbertin. Derrière ces pierres, 35 hectares avec un château bâti au XVIIe siècle, propriété pendant quatre siècles de la famille de Coubertin, dont Pierre bien sûr, principal artisan de la création des Jeux olympiques modernes, en 1896. Le château abrite les collections de la Fondation. On trouve aussi dans ce parc de 30 hectares un hameau avec certains bâtiments datant du XVIe siècle, un grand verger, un potager et surtout, tout au fond, les Ateliers Saint-Jacques (le nom est dû à la coquille de l’écusson de la famille de Jean Fredy, acquéreur de la terre de Coubertin à Saint-Rémy et anobli en 1629) et la Fonderie de Courbertin. Les deux structures sont réputées pour leur excellence et le très haut niveau de compétence de ses artisans, pour la plupart issus du monde du compagnonnage (ils ont notamment restauré la grille du château de Versailles et travaillent actuellement sur celle du Domaine de Dampierre).
Direction Châteaufort, Toussus-le-Noble puis Buc. Avant de tourner vers Jouy-en-Josas, ils apercevront la porte de l’aérodrome construit par Louis Blériot, en 1909. Une école de pilotage y vit le jour pendant la première guerre mondiale. Traverser Jouy-en-Josas, c’est bien sûr évoquer la toile de Jouy. Elle naquit dans les ateliers de la manufacture créée en 1760 par l’industriel Christophe-Philippe Oberkampf, dans ce village en raison de la présence de la Bièvre et de ses qualités chimiques propices au lavage des toiles. La Manufacture obtint le titre de Manufacture royale en 1783 par Louis XVI (une station de métro porte le nom d’Oberkampf).
Si les jambes des professionnels seront encore relativement fraîches, les miennes commencent à saturer avec déjà plus de 150 kilomètres et l’accumulation de belles grimpettes en vallée de Chevreuse. Et la moins digeste n’est pas encore passée…
Le parcours olympique me fait longer la Bièvre. Virage à gauche et la route qui s’élève… sévèrement. Pour les plus audacieux, superbe endroit pour placer une attaque le jour de la course olympique. De mon côté, je vais déjà me contenter de rentrer… comme je peux ! La sortie de la vallée de la Bièvre passe par une grosse montée qui permet de se hisser vers Vélizy, puis de basculer sur Chaville. Le peloton tournera alors à droite et repartira vers Paris où les attendra un circuit comprenant trois ascensions de la Butte Montmartre. Après 273 km (165 km pour les femmes, dispensées de la boucle ouest des Yvelines), le champion olympique sera sacré au Trocadéro, sur fond de Tour Eiffel. La photo promet d’être belle.
Pour ma part, mon compteur olympique « yvelinois » affiche 188 km et près de 2000 m de dénivelé. Une bien belle balade… Je n’aurai jamais une médaille olympique, mais personne ne m’enlèvera la flamme !