Cette new news me titillait depuis un petit moment. Et quand ça titille, faut passer à l’action (et pas qu’en sport). Voilà donc un résumé de ma façon d’aborder l’entraînement et d’une façon plus générale, ma pratique sportive. Avertissement : ce n’est que MA vision et je n’ai absolument pas dans l’idée d’affirmer que c’est ce qu’il faut faire et d’ériger cette approche comme une règle. Chacun pratique comme il l’entend et jamais je ne porterais un jugement sur une approche différente. Et jamais je n’oserais dire « voilà ce qu’il faut faire ». Coach, c’est un métier !
Alors inutile de faire des bonds si vous n’êtes pas raccord. J’expose ci-dessous ma réalité du moment (ce ne fut pas toujours celle-là) qui résulte de nombreux facteurs (approche du sport, rapport avec le chrono, histoire personnelle etc.).
….
Ma vie de freelance me permet de m’organiser comme je veux. Le partage de mes séances sur Strava ou sur Instagram en intrigue parfois quelques-uns. Certains me demandent quel plan d’entraînement je suis. La réponse est simple : aucun !
Tout est fait au feeling et en fonction des envies… ou presque. Je développe…
Je comprends parfaitement que certains aient besoin d’un cadre pour planifier leur entraînement et cela, que l’on débute ou que l’on cherche à faire un chrono, et donc quel que soit le rapport avec la notion de performance. Cette notion est d’ailleurs très floue et ne peut être résumée à un simple aspect chronométrique. Finir son premier 5 ou 10km pour quelqu’un qui n’a jamais couru est déjà une performance. J’irais même un peu plus loin, faire le tour de son pâté de maison ou de l’étang du coin sans s’arrêter est une performance pour un coureur ou une coureuse débutant(e). Et j’ai infiniment de respect pour ça. Pour revenir au plan, c’est pour moi une contrainte. Je m’explique…
Mon approche du sport
Ce qui m’attire dans le sport, c’est la pratique. Ok, j’ai la fâcheuse tendance à tout calculer (je suis un matheux à la base) et je vais forcément faire le tour du quartier si je rentre d’une sortie vélo à 98 km juste pour passer les 100 bornes (ou tout compte rond). J’avoue aussi être déjà sorti à 23h30 marcher quelques hectomètres pour passer les 100% sur la Polar quand il manquait quelques petits pourcents… Mais globalement, l’aspect purement chrono reste très accessoire. Ça fait un peu « baba cool » mais quand je fais du sport, j’aime bien être en « contact » avec ce qui m’entoure. Par exemple, je ne cours jamais avec de la musique car ça me coupe des bruits environnants (j’ai la chance de courir dans un milieu essentiellement naturel) et je roule sans lunettes de soleil pour ne pas me priver des « vraies couleurs » et de la « vraie lumière ». La recherche de la « jolie photo » fait partie intégrante de mes séances d’entraînement. Sur une saison normale, j’accroche certaines années beaucoup de dossards, mais je sais, je crois, ne pas me tromper d’objectifs. Ce n’est pas parce que j’ai un dossard sur la poitrine que je vais me mettre minable si ce n’est qu’une course de préparation au vrai objectif. Simplement, je préfère participer à semi par exemple et profiter de l’ambiance (et des ravitos) que de partir courir seul pour une séance longue.
Alors, pas question non plus de tomber dans le monde des Bisounours. Sur une course, si je vois que je peux finir en passant sous une barre « symbolique », je vais un peu me dépouiller dans les derniers kilomètres. Et j’avoue que depuis que je suis (re)passé à la vitesse supérieure niveau entraînement, j’aime bien, parfois, faire monter le cardio et avoir une concrétisation chronométrique de la progression. Ça ne peut pas faire de mal à l’ego. Mais si je finis un jour un Ironman en 13h00’01 », je ne vais pas passer la soirée à me morfondre parce que je ne suis pas finisher en « sub 13 ». Sur un tel effort, pas question de laisser deux secondes me faire passer d’un sentiment extrême de staisfaction à un sentiment extrême de déception. Pas question de passer de « c’était génial, je me suis éclaté » à « fait chier, course de merde » (j’ai déjà assisté à ça). Ce qui doit rester avant tout la priorité, encore une fois selon moi, c’est l’expérience vécue, les sensations, les émotions etc. Le chrono n’arrive que bien plus loin dans ma liste.
L’expérience
A mon âge désormais avancé (snif), j’ai déjà quelques kilomètres au compteur. Ça fait un peu séquence « j’me la pète » mais j’ai arrêté de compter les semi-marathons une fois la centaine passée (je dois en être à 120-130), j’en suis à 19 marathons, quelques ultras genre Marathon des Sables, 8 Ironman dont l’EmbrunMan, quelques débilités genre 12h de natation non-stop, ou Bordeaux-Paris à vélo non stop (660 bornes) etc. Même si l’on ne cesse d’apprendre au fil des ans, j’ai l’impression de ne pas être trop mal informé sur les grandes bases à suivre pour ne pas faire n’importe quoi (à défaut de faire fumer le bitume). Pour rappel, j’ai aussi travaillé plusieurs années à Jogging International où il m’a souvent été demandé de réaliser des dossiers sur les différents aspects de l’entraînement… et même des plans !
Cette expérience globale du sport est particulièrement précieuse. Elle apprend par exemple à savoir faire la différence entre la douleur et la blessure (même si je suis d’accord, la douleur est souvent un signe précurseur d’une blessure) et savoir ainsi quand je peux faire « avec » la douleur en serrant un peu les dents, ou quand je dois ralentir voire m’arrêter quelques jours pour ne pas basculer vers la blessure. L’expérience, qui correspond aussi à la « connaissance de soi », permet également de faire « l’analyse » d’un matin où l’on n’a pas envie de se lever pour aller s’entraîner. Si c’est de la fainéantise, on se fout un coup de pied au c.. et on y va, si c’est de la vraie fatigue, on reste couché. Et gare à l’erreur de diagnostic…
Même si je donne parfois l’impression d’être un peu freestyle, attention, je n’ai pas non plus l’impression de faire n’importe quoi. Après une séance un peu dure de course à pied par exemple, je vais plutôt aller à la piscine pour laisser reposer les jambes avec mon meilleur ami… le pull-buoy.
Même si les séances à faible intensité restent largement majoritaires, il peut m’arriver de glisser des séances un peu plus intensives histoire de ne pas m’encrouter et d’entretenir les dernières « fibres rapides » (le qualificatif est exagéré en ce qui me concerne) qui doivent bien se cacher quelque part dans un ou deux muscles. Je n’ai juste pas envie de « m’imposer » une séance que je vais trouver chiante parce que le monsieur a marqué sur le « plan » que je devais courir « 5×400 en SV2, laisser 1′ de récup, recourir des séries de 400 en un certain temps etc., etc. Je fais comme j’ai envie et basta ! Il m’arrive même régulièrement de partir sur une séance sans trop savoir ce que je vais faire et d’improviser au fil des km.
Enfin, j’ai aussi appris depuis tout ce temps qu’une théorie martelée à coup d’études scientifiques est parfois contredite quelques années plus tard par d’autres études scientifiques (toujours vérifier aussi qui a payé l’étude… si c’est un labo ou une marque… méfiance). Il y a quelques années, celui qui ne s’étirait pas aussitôt une séance était considéré comme hérétique… Aujourd’hui, on te dit de ne surtout pas t’étirer après la séance et d’attendre le lendemain… (j’avoue, je ne m’étire jamais… ni après la séance, ni le lendemain, ni le surlendemain… je sais, c’est pas bien). Dans le même esprit, Alain Mimoun a remporté le marathon olympique de Melbourne en 1956, sous une chaleur dingue, sans pratiquement boire parce qu’à l’époque « il ne fallait pas boire en course ». Attention donc à ne pas suivre aveuglément ce que l’on peut lire ou entendre. Un peu de discernement et de réflexion ne peuvent jamais faire de mal (et pas que dans le sport). Et surtout, personne ne se connait mieux que soi-même.
Ma méfiance des plans ou plutôt… de certains plans
Aujourd’hui, il est hyper facile de trouver des plans d’entraînement pour courir un 10 km, un semi ou un marathon. Et gratuitement en plus ! Alors oui, cela peut aider à donner des structures et des grandes bases de l’entraînement et je ne doute pas un instant que ça puisse aider ou en tout cas rassurer certains coureurs. Mais un « col blanc » qui passe toute la journée dans son bureau devant son ordi ou qui enchaîne les réunions doit-il suivre le même plan qu’un mec qui bosse sur un chantier toute la journée ou qu’un employé agricole qui a passé des heures dans un champs à faire la cueillette ? Chaque personne a ses particularités, des facilités ou non pour le sport, un passé sportif plus ou moins important… alors comment donner le même plan à tous ? Le même plan sera peut-être adapté pour certains mais en conduira d’autres droit dans le mur. S’ADAPTER… toujours.
Si quelqu’un a besoin d’un cadre, un plan personnalisé est sans doute bien plus adapté. Evidemment ça coûte un peu de sousous pour avoir les services d’un coach perso. Attention aussi à ceux qui se prétendent coach sous prétexte de quelques chronos sur marathon. J’ai déjà entendu une amie me dire « Je veux courir mon premier marathon en moins de 4h30, j’ai de la chance, je suis coachée par untel, il court le marathon en moins de 2h30 » et finir complètement carbo car le monsieur qui court en 2h30 ne sait pas forcément comment adapter un plan pour une débutante en 4h30. Ce sont presque deux mondes différents. Résultat cata avec des semaines de quatre séances avec une voire deux de fractionné (ça fait bien mais pour courir en 4h30 est-ce bien utile si ce n’est pas parfaitement adapté ?) et un surentraînement qui a conduit à un marathon… en plus de 5 h. Etre coach, c’est un métier ! (je me répète, je sais). Et si le coach perso n’est pas envisageable, il y a probablement un club d’athlé, de triathlon etc. pas loin avec des gens compétents.
Morale de l’histoire
Alors je ne courrai probablement plus jamais sous les 1h40 au semi (j’ai un record de 1h28 mais dans une autre vie), je ne passerai jamais sous les 3 h sur marathon (3h30 par contre, ça doit rester jouable un (très) bon jour en adaptant un peu l’entraînement), la barre des 12 h est la seule que je peux encore envisager sur Ironman, mais je m’en fous royalement ! Parce qu’aujourd’hui, le plaisir de partir rouler dix heures sur les petites routes en découvrant des paysages et des lumières, de courir plusieurs heures en forêt et d’apercevoir un bambi sortir d’un bois, ou encore de nager plusieurs heures, me comble 1000 fois plus qu’un chrono. Et aujourd’hui, cette approche me fait accumuler les heures de sport sans la moindre lassitude et avec toujours la même excitation au moment d’enfourcher mon vélo, d’enfiler mes baskets ou de plonger dans l’eau.
C’est magnifique et très intéressant Pascal. Merci
Merci Pascal !
Je partage avec toi le plaisir de faire du sport pour être entouré de la nature et, (pourquoi pas ?) être avec moi même !