Je fais rien que des bêtises (Épisode 2) – Bicyclette

Seconde partie de ma série, à désormais J-43 du Bretzel Ultra Tri, et de mon premier double Ironman (épisode 1).
Comme le déroulé d’un triathlon, après la natation… le vélo. Là aussi, j’ai appris à aimer les efforts prolongés. Toujours une belle excuse pour aller découvrir ce que nos routes nous offrent tant par les paysages traversés que par les nombreuses rencontres de chaque voyage.

Une fois sorti du plouf (généralement dans le premier quart des concurrents), les choses se compliquent pour moi. Depuis que je pratique ce sport, j’ai pris l’habitude de me faire dépasser par à peu près tout le monde. Au début, ça fait bizarre et puis on finit par s’habituer. Quand je suis sur ma bicyclette, j’ai clairement l’impression de ne pas faire le même sport que les autres.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, l’histoire de la relation entre la bicyclette et moi, c’est un peu comme celle de la fille que l’on ne supporte pas à la première rencontre. Vous ne savez pas pourquoi, mais tout de suite, elle vous énerve. Et puis quand le prof, ou plus tard votre patron, vous met dans le même groupe de travail, vous êtes bien obligé de faire avec… Au fil du temps, vous commencez à vous dire qu’elle n’est peut-être pas si terrible que ça, qu’elle a quand même, il faut vous l’avouer, quelques qualités. Et puis petit à petit, vous voyez de moins en moins ses défauts et finissez même un jour par vous rendre compte que vous en êtes tombé amoureux (si si ça arrive, je l’ai vu dans des films). Eh bien la bicyclette et moi, c’est la même histoire.

Pour être franc, le vélo, ça me gonflait. Quand j’ai cliqué sur mon premier Ironman, il a bien fallu s’y mettre. Ça commence à dater, mais je pense avoir franchi pour la première fois les 100 km à l’occasion de cette préparation pour l’Ironman de Roth, en 2005. J’ai commencé à aimer ça. 2000 km par an au début. Étant un garçon quelque peu excessif (ça, vous l’avez compris depuis un moment), il fallait bien que j’essaye des épreuves un peu longues que les 180 km d’un Ironman. D’abord à l’entraînement avec des balades de 200 bornes. La première fois, ce fut à l’occasion d’un retour dans ma Champagne natale, en 2017. J’entends encore la réaction de ma mère quand je lui ai dit que je rentrais… à vélo ! Elle était au courant que j’avais souvent des idées bizarres mais pour quelqu’un qui ne fait pas de sport et pour qui aller à Paris, en train, est déjà une aventure, imaginez… Aujourd’hui, c’est presque devenu banal et si mes comptes sont bons, j’en suis désormais à 29 sorties supérieures à 200 kilomètres.
Avec désormais le plaisir d’associer ces balades avec un peu de culture. Comme par exemple, partir sur la trace des Impressionnistes en passant par Chatou (Renoir), Auvers (Van Gogh) et Giverny (Monet) (avec en bonus le passage par quatre régions: Ile-de-France, Hauts-de-France, Normandie et Centre-Val de Loir) (récit ICI) ou bien encore suivre le cours de la Seine à travers les Yvelines (récit ICI), ou bien la trace exacte du prochain parcours des Jeux olympiques, à travers à nouveau nos belles Yvelines (récit ICI).

Du côté des « épreuves », il y eut d’abord les GravelMan organisés par Steven Le Hyaric, bien connu dans le milieu. Le premier en janvier 2021, 350 km pour faire le tour de l’Ile-de-France par le nord. Avec une fin de périple dans des conditions épiques avec tempête de neige, la glace qui bloque le dérailleur, des descentes en vallée de Chevreuse, les deux pieds sur la route pour freiner, mais une sensation incroyable de se sentir vivant.

Récit GravelMan Ile de France ==> ICI

Rebelote en mai 2021, avec cette fois Paris-Deauville en passant près de Rouen. Là encore, un peu plus de 350 km. Une journée de repos sur place et retour de la Normandie… à vélo, soit à nouveau 200 bornes. Quand on aime, on ne compte pas !

La plus grosse bêtise à vélo, c’est évidemment le Bordeaux-Paris, en mai 2022. Une trace de 650 bornes à parcourir en moins de 40 heures. À mon piètre niveau, ça ne laisse bien évidemment pas le temps de dormir. Mais ça passe. J’ai sans doute vécu certaines de mes pires heures sur une épreuve sportive lors de la traversée de la Beauce après environ 500 kilomètres. Comme je l’ai écrit dans le récit de cette aventure, la Beauce, c’est la définition du RIEN. J’ai détesté ! Même en essayant comme toujours de tirer du positif de chaque expérience, sur ce coup-là, je renonce ! Voilà ce que j’avais écrit « à chaud » :

« Si vous cherchez une définition de l’Enfer, je vous invite à vous rendre dans cette région autour d’Orléans. Des champs puis des champs. Parfois un village, avant d’autres champs… avant un autre village. Pas une âme à l’horizon. Pas un homme, pas un animal, pas un chat sur un pas de porte, pas un chien qui aboie à votre passage. Rien. Des villages fantômes. Des hallucinations dues à la fatigue ? Peut-être. Et puis cette petite pente très légère, un faux-plat montant à peine perceptible mais qui interdit tout passage en roue libre. 90 km vent de face, avec l’impression de ne plus avancer. J’ai voulu rouler seul tout au long de la route. C’est un choix. C’est le mien. Il est temps de l’assumer. A ces instants, j’y suis confronté. Je le prends en pleine face ! Uppercut, direct, le K.-O. n’est pas très loin.  Pas un arbre, par un bois. Et la sensation qu’ici, même les poteaux électriques refusent de vous offrir un peu d’ombre. Rien. Cette région est l’illustration la plus aboutie, la plus parfaite du « rien ». Plusieurs fois, je me suis surpris à hurler ma rage. Personne pour m’entendre. Peu importe. Expurger sa rage, sa haine même à certains moments, c’est se sentir encore vivant. Essentiel dans ces instants où l’on finirait par en douter. Les bonnes choses ont une fin parait-il. Heureusement, l’expérience de ces courses au long cours m’a appris que les mauvaises aussi. »

Tout s’est finalement achevé après 38h58’ d’effort (dont 33 h à rouler… le reste étant les arrêts aux points de contrôle ou dans des boulangeries sur le parcours).
Je ne garde pas forcément un très bon souvenir de cette expérience. J’ai mal géré l’approche de cette course qui est vite devenue une obsession. À l’arrivée, je n’étais pas heureux de l’avoir fait, mais juste heureux d’en être débarrassé. Ce n’est pas ce que recherche dans le sport.

Récit complet du Bordeaux-Paris ==> ICI

Aujourd’hui, cela reste sans doute une de mes « idées à la con » les plus … connes. Jusqu’aux prochaines. Le Paris-Brest-Paris est bien sûr présent dans mon cerveau. Pour les non spécialistes, c’est une course historique, créée en 1892 par Pierre Giffard, journaliste qui habitait à Maisons-Laffitte et qui écrivait à l’époque dans le journal « Auto-Vélo ». Sur cette épreuve, il faut parcourir 1200 km en moins de 80 heures. Elle a désormais lieu tous les quatre ans mais pour s’y inscrire il faut avoir validé ses BRM (Brevet de Randonnée Mondiale), 200, 300, 400 et 600 km. Sportivement largement faisable mais ça prend du temps… Ces BRM sont organisés les week-ends et moi, les week-ends, je gagne ma vie… On verra donc un peu plus tard… En même temps, je ne suis plus très loin de la retraite… J’aurai alors toute la vie devant moi !

Prochain épisode : la course à pied (avec au moins deux épisodes car, j’en ai fait des bêtises …)

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