Ironman Zurich : Merci la Suisse

Le reflet des rayons d’un soleil levant sur les eaux limpides du lac de Zurich, les gentils mots des centaines de bénévoles, la vue plongeante sur le lac suivie de l’ivresse d’une descente à plus de 80 km/h, les dizaines de « Allez Pascal » ou « Allez les Bleus, champions du monde » lancés par les spectateurs à la vue du drapeau bleu blanc rouge et du prénom sur le dossard, des paysages où l’on se dit qu’il fera bon revenir un jour sans dossard, juste pour le plaisir, le sourire d’une supportrice posée le long du parcours avec son petit chien qui te donne la force de recourir quelques mètres, le reflet des rayons du soleil cette fois couchant sur les rives et les plages du lac envahies par les baigneurs, tous ces encouragements prononcés avec des accents que l’on devine venus du monde entier, le dernier virage qui ouvre sur la dernière ligne droite avant la ligne d’arrivée… un Ironman, ce sont toutes ces images qui se succèdent et qui se transformeront au fil des jours en de doux souvenirs. Un Ironman c’est une succession de sensations, une visite de toute la palette des émotions, des moments de grâce aux phases de découragement et de grande lassitude. Un Ironman c’est avoir parfois l’impression que la journée défile à vive allure et puis, à peine quelques instants plus tard, qu’elle semble sans fin. Un Ironman ce sont les mois qui précèdent avec des heures d’entraînement, des nuits abrégées pour aller rouler ou courir parfois sous la pluie, parfois dans le froid, parfois sous une étouffante chaleur, ce sont des doutes, des douleurs, des blessures à gérer. Des périodes d’euphorie aussi qu’il faut savoir contrôler pour en tirer le plus grand bénéfice le jour venu de la course. L’Ironman, c’est une aventure très personnelle mais que l’on ne peut réussir sans les autres. 
L’Ironman de Zurich, ma cinquième expérience sur cette distance mythique, a tenu toutes ces promesses. Peut-être même plus encore. Comme à chaque fois sur les courses labellisées Ironman, l’organisation était juste parfaite. Incroyable. Jamais la moindre attente avant la course, une sécurité parfaite, une belle animation, des bénévoles absolument partout, des ravitaillements archi complets et nombreux (6 stands sur la boucle de 10 km du marathon), aucun détail négligé (rails des trams recouverts par exemple), la Swiss Qualität dans toute son excellence.   

La course

Natation : 3800 m – 1h14’45
« No wetsuit ». Le verdict est tombé à l’entrée du parc, une heure avant le départ. Sans appel. Pas de combinaison pour la natation. Le règlement interdit la combi au-dessus d’une eau à 24,5°. Et le thermomètre, en ce dimanche matin, indique… 24,6°. Beaucoup d’organisateurs auraient sans doute fermé les yeux sur ces 0,1°, mais, on est en Suisse, et le règlement, bah c’est le règlement. Pour être honnête, ça m’amuse assez de voir certains visages autour de moi se décomposer. La combi constitue une vraie aide (on parle de 10 secondes au 100m) et les nageurs moyens voire mauvais s’inquiètent forcément. Perso, la natation étant la discipline où je suis le moins mauvais, ça ne me gène pas trop. En revanche, le départ en mode « rolling start » change beaucoup de choses et, pour moi, fait perdre un peu de l’esprit du triathlon. Pour les non-initiés, le rolling start est un système qui fait partir les coureurs de façon très ordonnée (ici 8 coureurs toutes les 5 secondes en fonction du temps estimé pour la distance) et qui permet donc d’éviter la lessiveuse des habituels départs où tout le monde se nage dessus et essaie juste de survivre sur les premiers mètres. Ok, cela permet de tout de suite poser sa nage mais perso, j’aime bien la baston.
Pour en revenir à Zurich, quel plaisir ! L’eau super limpide, le reflet du soleil sur l’eau, un vrai régal. Plaisir accentué par de bonnes sensations qui se vérifient avec une sortie de l’eau en 1h14 (456e temps sur 1575 au départ – 1382 à l’arrivée). Avec la combi cela aurait tourné largement en-dessous de 1h10.

Transition 1 : 7’44
Comme d’habitude, je prends mon temps. Cette fois, encore un peu plus que les fois précédentes… J’ai fait un nœud à mon sac qui contient mes affaires de vélo et je mets une éternité à le desserrer… #boulet. Je finis par ouvrir ce putain de sac pour enfiler une tenue de cycliste (je trouve ça plus confortable que la trifonction) et c’est parti… sans les gants que j’ai oubliés dans le sac…  

Vélo : 180 km (1400 D+) – 6h42’05
Au programme deux boucles de 90 km avec mon nouveau joujou, Time Alpe d’Huez. Pour commencer, 30 km de plat le long du lac qui permettent de se faire plaisir à plus de 32 de moyenne (les bons cyclistes ont largement passé les 40). Je pourrais facilement aller un peu plus vite mais la journée sera longue et mieux vaut gérer l’effort. Virage à gauche pour attaquer la première petite montée. Rien de bien méchant. Ça se complique au km 50 avec une bonne grimpette de 3 km  (autour de 7-8%) avant une petite descente qui nous amène sur une nouvelle montée en ligne droite qui semble interminable (surtout au 2e tour). La récompense, c’est une super descente où le compteur de ma Polar affiche plus de 80 km/h. Trop cool. Retour le long du lac, passage devant le village Ironman et dernier effort de la boucle au 85e km avec Heartbreak Hill, un mur d’environ 800m et des passages à 20% où les spectateurs se sont massés façon Solarberg (en moins impressionnant quand même). C’est dingue comme les organisateurs  ont souvent une tendance sadique à placer un bon raidard en fin de circuit…
Je finis mon premier tour en 3h12. Il me faudra 3h20 pour le second effectué sous le cagnard (975e temps au total). Plus de 30° annoncés par la météo… à l’ombre. Le problème, c’est qu’il n’y a pratiquement pas d’ombre sur le parcours. Les pieds sont en surchauffe dans les chaussures et ça commence à fumer sous le casque. La beauté du paysage notamment les rives le long du lac, les prairies, le passage au-dessus des vignes et la perspective sur les eaux bleues du lac compensent largement la difficulté.

Transition 2 : 11’03
Evidemment, j’ai fait le même nœud à mon sac course à pied et je mets une fois encore beaucoup de temps à enfin l’ouvrir. Rechangement de tenue pour enfiler un cuissard de course, un tee-shirt (toujours priorité au confort), ma casquette porte-bonheur (qui a fait tous mes Ironman et toutes les courses « difficiles » depuis plus de 20 ans) et enfin un petit arrêt pipi avant de repartir qui me confirme que je vais devoir vite me réhydrater (pipi tout jaune, le signe qui ne trompe pas).

Course à pied : 42 km – 5h33’42
Pour ce marathon, quatre boucles de 10,5 km, pratiquement plates et essentiellement au cœur de la ville. Là encore, à l’exception des deux premiers kilomètres sans intérêt, le parcours est très plaisant avec en particulier plusieurs kilomètres le long du lac et donc beaucoup de spectateurs. Comme il y a deux mois au Frenchman, les 20 premiers kilomètres passent bien à un rythme compris entre 6’30 et 7’15 au kil en fonction des arrêts aux ravitaillements. Et comme au Frenchman, ça se dégrade petit à petit, la marche prenant de plus en plus de place (1h11 le premier tour puis 1h20, 1h29 et 1h33 pour les suivants). Le prochain coup, je prendrai des chaussures de rando… (non, les Hoka, ne sont pas des chaussures de rando…)
Dans ces cas-là, on se motive comme on peut. Pas question par exemple de me laisser doubler par un mec qui a inscrit sur son tee-shirt « Future is Vegan ». Je vais lui montrer qu’une bonne entrecôte, c’est la vie ! Après un peu plus de 5h30 (1101e temps), la ligne d’arrivée arrive enfin. Comme toujours, on retrouve un peu de force pour effectuer les derniers hectomètres à un rythme décent. Pour enfin savourer le fameux « Pascal… you are an Ironman » lancé par le speaker à chacune de ces épreuves au label Ironman, serrer les poings, se laisser passer la médaille autour du cou, et se dire que ça y est, c’est fini.

Analyse 

Une bonne natation, un vélo correct à mon petit niveau et une fois encore un marathon pénible. Deux mois seulement après le Frenchman, je réalise sensiblement les mêmes chronos, les quelques minutes supplémentaires étant dues principalement à la natation sans combi et aux minables transitions zurichoises. Pour être honnête, j’espérais me rapprocher des 13 heures. J’en suis loin. Mais peu importe.

La clé pour l’avenir passe incontestablement par l’amélioration de mon vélo qui me pompe trop d’énergie et me laisse déjà bien entamé à l’attaque du marathon. Comme toujours, mes transitions sont également pathétiques. Je dois pouvoir y gagner 10 minutes… facile. Je dois aussi me poser la question de mon alimentation pendant la course. Je ne suis pas un adepte des produits énergétiques et me contente aux ravitos de boire de l’eau et du coca et de manger des bananes (seule exception les petits « bonbons » stinium). Si je veux limiter la casse, peut-être que je vais devoir essayer quelques « poudres magiques » en boisson et accepter de renforcer un peu l’alimentation par quelques gels. Avec encore quelques kilos en moins, je suis certain que je dois pouvoir repasser assez « facilement » sous les 13 heures. 

La suite … 
Deux ou trois jours de repos (faut pas exagérer non plus) après trois derniers moins intenses avec notamment deux Ironman, un half ironman ou encore un 10km de natation, et la saison va basculer sur un profil davantage orienté vers la course à pied. Les 25 et 26 août, j’aurai le plaisir de participer au Ragnar Wattenmeer Relays du côté de Hambourg au sein de l’équipe des Swiss Barbarians, une équipe composée comme son nom l’indique de coureurs suisses plutôt germanophones et de quelques Allemands (parfait pour travailler mon allemand). Le principe : 250 km en relais au départ de Hambourg avec 10 coureurs par équipe. J’aurai pour ma part 36km à courir en trois relais (12, 8 puis 16km avec environ 6 heures pour récupérer entre chaque section). Viendra ensuite le semi de Reims le 21 octobre pour accompagner ma soeurette et mon beau-frère sur leur premier semi (trop fier d’eux) et enfin, le dernier gros morceau 2018, le trail de la Saintélyon dans sa version 81km, début décembre. 

Merci 

Impossible de terminer cette news sans adresser un immense merci. Vous avez été très nombreux à me transmettre vos pensées pendant cette aventure. Merci à tous ceux et toutes celles qui m’ont suivi et supporté ces derniers mois pendant cette préparation parfois obsessionnelle (pensée spéciale à Sophie), merci à mes zami(e)s de La Cavalcade de Poissy, bien plus qu’un groupe de coureurs, merci à tous mes contacts Facebook, si nombreux à m’avoir adressé un message (un truc de fou), un grand merci à Pia pour son accueil pendant ce séjour à Zurich (hâte d’être à Hambourg… et attention aux points de pénalité…). A tous merci merci et merci. Même si le jour de la course un Ironman est une aventure très personnelle, on se nourrit de toutes les bonnes ondes et toutes les pensées qui nous ont été offertes les jours, semaines et mois qui l’on précédé. Alors une fois encore, immense merci. 

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