Avec bientôt 10 millions d’entrées, le film « Le Comte de Monte-Cristo », interprété entre autres par Pierre Niney, a mis en lumière une des œuvres majeures d’Alexandre Dumas. Le film a également offert un énorme coup de projecteur sur le Château de Monte-Cristo, demeure de l’écrivain au milieu du XIXe siècle, posée sur la colline du Port-Marly, tout près de Marly-le-Roi et Le Pecq. Dans la cadre du programme des Ambassadeurs des Yvelines, nous avons eu le plaisir de découvrir ce superbe endroit et d’y être guidés par la directrice Frédérique Lurol.
Rapide mise en contexte. En 1844, grâce à la parution dans la presse de ses romans (sous forme de feuilletons), notamment « Les Trois Mousquetaires » et « Le Comte de Monte Cristo », Alexandre Dumas, fils du premier général de l’armée française ayant des origines afro-caribéennes, est devenu un homme riche. Il habite alors à Saint-Germain-en-Laye. À la recherche d’un endroit paisible, l’écrivain alors âgé de 42 ans, découvre au Port-Marly, une colline avec une superbe vue sur la Seine (l’espace n’était pas encore urbanisé comme aujourd’hui). Il achète et décide d’y faire construire sa demeure. Il sollicite alors un architecte très renommé, Hippolyte Durand. La pendaison de crémaillère a lieu en juillet 1847. Particulièrement dépensier, mais également réputé pour sa générosité, Dumas voulait ce qu’il y avait de plus beau et n’hésitait pas y mettre le prix. Ces fastueuses dépenses lui vaudront rapidement des déboires auprès de ses créanciers. Déboires qui le conduiront même à devoir vendre son château, d’abord à un prête-nom qui lui permettra de rester « locataire », puis définitivement en 1851, soit seulement quatre ans après la crémaillère…
La visite
Après quelques mètres dans le parc du château où se trouvent de nombreuses sources et qui abritait à l’époque de Dumas de nombreux animaux (dont des singes et un vautour !), au sortir d’un court passage sous une grotte, apparait le cabinet de travail de Dumas, baptisé « le château d’If ». Une référence bien évidemment au livre « Le Comte de Monte-Cristo » (nom de la prison où fut enfermé pendant 14 ans Edmond Dantès, le héros du roman). Sur les murs de ce « mini château » néogothique, posé sur une petite île accessible par un pont de pierre, figurent le nom de toutes ses œuvres, gravées dans la pierre. À travers une porte vitrée, on peut imaginer l’écrivain en train d’écrire une de ses nombreuses œuvres. Doté d’une très grande capacité de travail, pour preuve son œuvre très importante, Dumas avait fait installer une chambre au premier étage pour se reposer (inaccessible aujourd’hui).
La précision sur chacun des détails du château d’If et la finesse de chaque sculpture et de chaque ornement, témoignent de l’exigence de Dumas. Un véritable fil rouge tout au long de de cette visite.
Le salon mauresque, une merveille !
Direction le château. Plus qu’un château, il s’agit en réalité d’une maison bourgeoise. Mais quelle maison bourgeoise ! Sur le fronton figure la devise de Dumas : « J’aime qui m’aime ». Le visiteur est prévenu…
Derrière la marquise qui surplombe le perron d’entrée, les différentes pièces, toutes très bien aménagées, nous replongent au cœur du XIXe siècle. Les différents tableaux ou documents exposés (par exemple le fac-similé de son passeport) permettent également de mieux comprendre le personnage Alexandre Dumas et de prendre conscience de toute son œuvre.
Le premier étage réserve une magnifique surprise. Auteur de nombreux voyages dont il publiera plusieurs récits, Alexandre Dumas était revenu d’un séjour en Afrique du Nord avec deux artisans tunisiens au service du bey (chef de clan) de Tunis. Ils lui édifièrent alors au château un véritable salon mauresque. Sur les murs et au plafond figure un décor de sculptures et d’arabesques ciselées dans du stuc. Une merveille. À l’image de tout ce château de Monte-Cristo dont le parc, particulièrement bien entretenu avec plusieurs bassins, grottes et rochers, offre également un joli moment de balade.
Alexandre Dumas père (Alexandre Dumas fils écrira principalement « La Dame aux Camélias ») meurt en 1870, à Dieppe, en pleine guerre face à la Prusse. Transféré au Panthéon le 3 octobre 2002, le cercueil d’Alexandre Dumas (mort en 1870 à 68 ans) a reposé la nuit précédente au château de Monte-Cristo où furent à cette occasion organisées plusieurs célébrations. S’il n’y a finalement vécu que quelques années, Alexandre Dumas a laissé son empreinte dans ce lieu. Sa visite (de préférence à réaliser avec les explications d’un(e) guide pour bien s’imprégner de l’endroit), en donne toute sa dimension.
Un grand merci au Château de Monte-Cristo et à sa directrice, pour l’accueil et le récit nourri de multiples anecdotes, ainsi qu’au programme des Ambassadeurs des Yvelines pour la découverte des pépites de notre département.
À savoir
De nombreuses activités (Murder Party, Escape Game, chasse au trésor, visites guidées, visites théâtralisées, expositions au 2e étage du château et dans le parc, etc.) sont organisées tout au long de l’année sur le domaine aujourd’hui propriété du Syndicat intercommunal de Port-Marly, Marly-le-Roi et le Pecq. La société des amis d’Alexandre-Dumas, initiée par l’historien Alain Decaux, a également permis de sauver le bâtiment menacé de destruction pour être remplacé par un vaste complexe immobilier.