Diag78 (trail 100 km): Il est où le bonheur, il est où ?

13h07’10’’. La dernière donnée indiquée par ma Polar au moment d’arrêter le chrono au km 89 de la Diagonale 78, samedi 1er avril. 7’10’’ de trop pour franchir la dernière barrière horaire, 10 kilomètres à peine de la ligne d’arrivée de ce trail de 100 bornes, tracé à travers mes Yvelines. Ma course s’arrête là. Pourtant, aucune déception. Sincèrement.

Bien sûr, on peut toujours réécrire l’histoire, se dire qu’avec un peu plus de rigueur, avec un peu moins de vidéos et de photos, avec un peu plus d’empressement aux ravitos, avec un peu moins de bavardages, ce n’est pas sept minutes que j’aurais pu économiser mais sans doute une bonne vingtaine. Des « un peu plus », des « un peu moins » pour nourrir de vains et inutiles regrets. Mais voilà, le passé ne se réécrit pas. Qu’il soit lointain ou si proche. Il a filé emportant avec lui ces dernières secondes, ces dernières minutes, ces dernières heures à jamais figées dans l’histoire et les souvenirs.

La journée fut belle, intense. Comme je l’avais imaginée, comme je l’avais espéré. Alors pourquoi se morfondre ? 

Quand j’ai cliqué le 21 octobre dernier après avoir interrogé Alain Pelosse, organisateur de la course, pour un article destiné au Département des Yvelines, je n’avais pratiquement plus couru depuis des mois (une moyenne autour de 35 km par mois de janvier à octobre 2022). Certes, le Bordeaux-Paris vélo de mai (38h58) ou mes 12 heures de natation non stop de l’Ois’eau Libre avaient entretenu une bonne « caisse ». Mais de là à courir 100 bornes… À cette époque, ma seule perspective était l’Ironman de Hambourg, le 4 juin prochain. Lointain. Trop lointain. Et le danger de devoir passer un hiver sans réel objectif avec la menace de grossir à vue d’œil, cette menace devenue depuis des années, une démoniaque épée de Damoclès. Avec un 100 km à préparer, ça me donnait au moins une bonne raison de m’y remettre. Il a fallu augmenter rapidement les distances. Rapidement, mais raisonnablement pour ne pas violenter mes p’tits muscles fragiles. 82 km en novembre, 102 km en décembre, 175 km en janvier, et même 215 km en février. D’inévitables petits bobos à gérer mais rien de compromettant pour la suite. La balance a cessé de grimper… mais n’a que très peu diminué. Bien trop peu. Mais ce facteur ne dépend que de moi. Personne à qui en vouloir.

La journée fut belle, intense. Comme je l’avais imaginée, comme je l’avais espéré. Alors pourquoi se morfondre ? 

Je conçois complètement qu’on puisse associer le bonheur à une performance, un chrono ou un classement. Chacun sa vision du sport, chacun sa vision du bonheur. Mais pour moi, le bonheur n’est pas dans une médaille de finisher. Aussi jolie soit-elle.

Le bonheur, il est dans le chemin parcouru entre le clic de l’inscription et le jour J, dans la satisfaction d’avoir réussi à être au départ avec une vraie chance d’aller au bout (même si ce ne fut pas le cas), d’avoir réussi à me motiver certains jours plus difficiles que d’autres. Il est dans le plaisir retrouvé de courir au cœur des forêts. Le bonheur est aussi d’avoir embarqué avec moi beaucoup de gens, de les avoir un peu « divertis » avec mes aventures. Mon bonheur sera encore plus fort si certains d’entre eux se disent que oui, tout est possible, qu’il faut arrêter de se mettre soi-même des barrières. Cliquez, vous réfléchirez plus tard. Puis donnez-vous les moyens de réussir. Pas besoin, d’être un champion, pas besoin d’avoir un corps d’athlète. Vous êtes capables de beaucoup plus que ce que vous n’osez imaginer. Et si la médaille n’est pas au bout, peu importe. En ayant essayé, vous serez déjà allez plus loin que la plupart des gens. Et peut-être même que sur ce chemin, vous y aurez trouvé ce foutu bonheur.

Samedi, mon bonheur fut aussi dans la joie de voir Seb, coach du Tri Team Saint-Germain franchir la ligne d’arrivée de son premier 100 km, il fut dans le regard de sa femme Helen à cet instant. Le bonheur, il est dans les émotions vécues intérieurement, il est dans les émotions partagées avec les autres coureurs au fil de la journée, avec les bénévoles, avec les organisateurs. Il est aussi dans ces petits moments où l’on prend conscience de la chance que l’on a de pouvoir courir dans ce décor, dans ces forêts des Yvelines, la chance de se sentir plus vivant que jamais, même si parfois, on a mal. Il est dans ces souvenirs, dans ce présent, dans ces instants. Le bonheur, il est j’en suis certain sur de prochaines routes, de prochains sentiers. Je vous y donne rendez-vous.

Bravo immense à Sebastien, coach du Tri Team Saint-Germain qui est allé chercher d’incroyables ressources pour franchir cette foutue barrière horaire du 89e km puis cette médaille de finisher pour son premier 100 kilomètres. Super méga heureux pour toi Seb ! 

………….

Merci …. merci …. merci

Tout d’abord un grand merci à Alain Pelosse et à toutes l’équipe d’organisation et bien évidemment à tous les bénévoles pour cette superbe course avec un vrai esprit course nature, loin des épreuves industrielles. Strictement rien à redire sur cette organisation. Un fléchage parfait, une trace qui nous emmène dans de superbes endroits des Yvelines, des ravitos tout comme il faut, nul doute que la Diagonale des Yvelines a un bel avenir devant elle. Cette 4e édition a battu son record de participants avec 900 coureurs sur l’ensemble des distances (12, 20, 50 et 100 km)… la barre des 1000 n’est plus loin. 

Merci à Mathias Via, président du Tri Team Saint-Germain qui faute d’avoir pu prendre le départ (maudite blessure) nous a suivis toute la journée pour nous assurer l’assistance. Merci à Helen, l’épouse de Seb, qui a eu la gentillesse de nous amener au départ de très bonne heure et de nous ramener après l’arrivée.

Merci à toutes celles et tous ceux qui m’ont encouragé et envoyé des pensées, non seulement ce samedi mais aussi dans les semaines précédentes. Votre soutien est précieux. 

Merci aux Yvelines d’être aussi belles

………..

Petite « analyse » de ma course de façon moins « enflammée »

. Dès le départ (Breuil-Bois-Robert), je savais que les barrières horaires seraient relativement serrées. Pas trop le temps de musarder en route. Coup de bol, la météo pourtant annoncée calamiteuse fut des plus clémentes. Quelques giboulées, un peu de vent lors des passages en plaine mais très peu de passages boueux. 

. Première barrière horaire au km 19 (Orgerus) passée avec 30 minutes d’avance, la deuxième au km 50 (Étangs de Hollande) avec seulement 15 minutes, la troisième au km 70 (Auffargis) avec 5 minutes. L’erreur fut alors de trainer au ravito et de prendre trop de temps. On discute, on discute et le temps file… Résultat, adieu la moindre marge de manoeuvre. Et quand les jambes disent stop, bah il est trop tard. 7 minutes de trop à la dernière barrière au km 89 à Clairefontaine. Adieu les 100 km (arrivée à Rochefort-en-Yvelines)

. Les ravitos justement. Comme d’habitude, du grand n’importe quoi. Le fait d’avoir une assistance pour la première fois de ma vie m’a fait prendre le truc un peu à la légère en emmenant un peu de tout dans le sac laissé dans la voiture de Mathias. Je ne suis absolument pas organisé et je n’ai aucune rigueur dans ce que je bois et je mange. Un vrai débutant… et ça fait 30 ans que ça dure…

. Le parcours: Très roulant avec seulement 1000 m de dénivelé positif. Environ 80% en forêt et surtout 95% de sentiers. Vraiment très plaisant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *