Ironman Hambourg : Deutsch Qualität

Avertissement : À tous les ayatollahs de la performance pour qui une course se résume exclusivement au chrono final et à des sub 10, 11, 12 etc., capables de se mettre minable pour gratter deux secondes (à chacun sa façon de trouver le bonheur et le plaisir), ce que vous allez lire dans les lignes suivantes risque de vous agacer… Restez zen… 

« Vous allez vivre la plus belle journée de votre vie. » Sur la ligne de départ de l’Ironman de Hambourg, le speaker s’enflamme. J’ai envie de le croire. Chiche ! Après tout, le soleil a enflammé le ciel quelques minutes plus tôt, je suis là pour prendre du plaisir, sans aucun objectif chronométrique, j’ai depuis longtemps un gros coup de cœur pour cette ville et j’y ai de très bons souvenirs. Alors oui, rendons cette journée exceptionnelle.

Un jour d’Ironman est évidemment hors norme. Il est un repère dans une saison, une date cochée en rouge dans un agenda. Il est la raison pour laquelle pendant des semaines, on se lève aux aurores pour aller nager, rouler ou courir. Il intrigue, questionne, interpelle. Parfois, il fait peur. Toujours, il excite. Même quand il s’agit du neuvième. Il est une expérience de vie intense, parfois brutale. Avec tous ses excès. Un jour d’Ironman passe en revue toute la palette des émotions. À chacune de ses extrémités.  

Même si bien évidemment, sur la ligne de départ, je déclenche le chrono et que j’y jette de nombreux coups d’œil tout au long de la journée, l’aspect purement compétition d’une telle journée ne m’intéresse que très partiellement (petit compte-rendu très succinct de ma course au pied de cette news). La motivation, je la trouve davantage dans l’idée de faire, de me prouver que j’en suis capable, que j’en suis ENCORE capable malgré les années qui filent (54 ans … déjà). Elle est aussi de montrer et de convaincre qu’il n’y a pas besoin d’avoir un corps d’athlète pour se lancer dans des épreuves quelque peu « engagées ». Avec mes 90 kilos (et quelques grosses poussières) et mon 1,75m, franchement, je n’ai pas le profil que beaucoup imaginent pour un Ironman. Non non, ce ne sont pas 90 kilos de muscles… Suffit de regarder les photos pour s’en rendre compte. Je le répète à chaque récit de course, nous sommes TOUS capables de réaliser des choses bien plus grandes que ce que l’on ose imaginer. Trop souvent, nous nous posons nous-mêmes des limites et refusons d’aller non pas les dépasser mais simplement les repousser. Attention, je ne dis pas que faire un Ironman est facile. Mieux vaut quand même respecter quelques paliers avant de s’y risquer, mais pour certains, faire un 5 km ou un 10 km impliquera le même engagement. Je le pense sincèrement. Et c’est ça qui est beau. Refusez le « j’en suis pas capable », le « je n’y arriverai jamais ». Essayez. Et soyez rassurés, si la réussite n’est pas tout de suite au rendez-vous, la terre continuera de tourner et vous aurez même le droit d’être fier. En ayant essayé, vous serez déjà allé beaucoup plus loin que la plupart.

Revenons à Hambourg. Sûr que je n’aurai pas le Prix « Qu’on court » avec cette nouvelle histoire. Tout s’est bien passé jusqu’au 10e kilomètre du marathon où les choses se sont compliquées pour diverses raisons. Temps final : 14h24. Pour l’anecdote, je ne figurerais même pas dans le top 10 des 65-69 ans (je gagnerais quand même la catégorie des 70-74 ans… youhou !). Mais peu importe. L’histoire fut belle, intense. Comme je les aime, comme je les recherche.

Et puis surtout, j’ai encore appris sur moi. De nouvelles pistes d’amélioration se sont ouvertes. Je ne parle pas ici du physique car je sais depuis bien longtemps que si je commençais à m’entraîner un peu plus rationnellement (oui je fais n’importe quoi, ou presque), et surtout à perdre dix kilos (ça ne dépend que de moi, même si le concept « Fat and Furious » me fait rigoler), les choses seraient bien plus faciles (est-ce que ça m’amuserait autant… ?). En revanche, la partie mentale de l’effort me fascine. Réussir à analyser sa façon de penser selon les circonstances, ressentir les instants où tout bascule mentalement, déceler les turpitudes du cerveau dans ce type d’exercices, les déchiffrer pour ensuite les maitriser, ou en tout cas s’en donner l’illusion, voilà ce qui m’amuse profondément.

Sur cet Ironman de Hambourg, si les activités natation et vélo n’ont pas été fondamentalement instructives, le marathon le fut beaucoup plus. Très vite, je suis donc passé en mode rando. J’ai rapidement basculé sur une approche complètement vidée de la notion de compétition. J’ai essayé de temps en temps de réactiver un mode un peu plus « offensif » (tout est relatif) mais sans jamais réussir à me sortir du « je m’en fous du chrono, de toute façon j’aurai ma médaille, alors autant marcher ». J’ai facilement emmené le cerveau dans la direction du « confort » (attention, dans mon esprit, le « confort » n’a jamais été associé à un abandon qui, pour le coup, aurait été des plus pénibles), sans jamais passer par la case souffrance, mais je n’ai plus réussi à lui imposer autre chose. J’ai bien, de temps en temps, recouru sur quelques dizaines de mètres, parfois quelques centaines, mais ça s’est très vite arrêté. Un peu comme un moteur qu’on essaie de relancer mais qui recale systématiquement. J’ai donc perdu le contrôle. Il y a par conséquent quelque chose à creuser… et de nouveaux outils à intégrer dans ma fameuse « caisse à outils du mental » que j’évoque souvent. Et forcément, pour savoir si je trouve la solution, je vais devoir à nouveau cliquer… ça tombe bien, j’ai quelques idées de nouvelles bêtises…

Alors oui, la journée fut belle, un superbe événement, magnifiquement organisé (Deutsch Qualität +++) avec de nombreux spectateurs, des bénévoles au top (pléonasme). Mais le speaker s’est trompé. Je n’ai pas vécu « la plus belle journée de ma vie ». Parce qu’elle est j’en suis sûr, encore à venir.

…….

Pour les amateurs de chiffres, voici une analyse un peu plus « strava » de ma course.

Natation (une boucle de 3800 m) : 1h9’44’’
Pas grand-chose à dire. Des conditions parfaites pour nager (même si déteste les rolling-starts qui sont pour moi contre-nature du triathlon #vivelabaston #cetaitmieuxavant #vieuxcon) et un rythme à peu près régulier malgré une petite baisse de rythme dans le dernier kilomètre (Benoit, je n’ai pas arrêté de penser à tes conseils « on s’endort pas »). Un chrono plus ou moins équivalent à ceux de mes autres Ironman et un « classement » dans les premiers 20%, comme d’habitude… Autant en profiter parce qu’après, ça se gâte…

T1 : 10’54’’
Le parc à vélos étant très grand, ça prend du temps. Ça c’est l’excuse bidon. La réalité, c’est surtout que je me change complètement pour mettre une tenue cycliste, que je n’ai pas retrouvé tout de suite mon sac (mauvaise allée, #boulet) et que je ne suis pas à 30 secondes près.

Vélo (2 boucles de 90 km et très peu de dénivelé – moins de 500 m au total) : 6h35’58’’
À mon petit niveau de cycliste  (je pédale longtemps certes, mais pas vite), et sans beaucoup de bornes au compteur cette année, un correct 27,5 km/h de moyenne. Baisse dans le second tour avec du vent de face un peu plus consistant. Précision : je n’ai pas de prolongateurs et j’ai dû faire 99% des 180 bornes les mains en haut du guidon. Mais pas si mal pour moi (mon 2e meilleur temps sur Ironman, youhou ! ).

T2 : 14’10’’ !!!!!!
Cf. T1 pour l’excuse bidon, mais surtout, je me change à nouveau complètement pour passer en tenue course à pied (les chaussettes de compression, c’est chiant à mettre), j’ai cherché un moment mon dossard, finalement coincé dans mon cuissard, et surtout, j’ai un peu papoté avec une amie que je n’avais pas vue depuis bien longtemps et qui avait accès au parc.

Course à pied (4 boucles de 10,5 km) : 6h14’07’’
Le plus mauvais marathon de ma vie. Je m’en remettrai. Ok, j’ai vite eu une ampoule assez pénible sous le pied, mais surtout les 90 kilos deviennent vite rédhibitoires. Un premier tour en trottinant puis l’essentiel des trois autres tours en marchant. De toute façon, quand j’essayais de trottiner, je gagnais à peine 30 secondes au kil… et je peinais même à reprendre du terrain sur ceux qui marchaient devant moi… Alors à quoi bon ! Sur Ironman, il y a toujours beaucoup de ravitos, environ tous les 2,5 km. Bien parce qu’on ne manque de rien mais revers de la « médaille », on y perd beaucoup beaucoup de temps quand on s’arrête à chaque point. Mais ça permet aussi de discuter avec les gens sur le côté et de profiter du cadre et de l’ambiance. Toujours voir le bon côté des choses. Et comme le parcours au bord du lac est sympa, que les spectateurs étaient à certains endroits bouillants, c’était finalement plutôt agréable. Un peu longuet quand même. 

Temps final : 14h24’51 »

……………

Pas de récit sans les mercis. Merci à tous pour vos encouragements, toujours précieux. Merci au TTSG (Tri Team Saint-Germain-en-Laye) pour sa convivialité qui facilite les levers aux aurores pour le plouf de 6h30, et à ses coaches, tous bénévoles, qui font vivre le club. Merci à Séverine, « ma » coach de Pilates dont les cours m’ont permis de retrouver un peu de mobilité du dos et de gainage. Et merci enfin celles et ceux qui supportent mes bêtises souvent bien prenantes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *