Viens, on va jouer à la YOTTA

L’an dernier sur cette page, comme beaucoup, je m’étais enflammé après la première édition de la YOTTA, organisée à Vichy, concept original imaginé par Sacha Rosenthal, créateur et PDG de XEFI et grand passionné de sport, de performance et de … triathlon (le plus beau des sports nous sommes d’accord). Pour faire simple, la YOTTA propose un enchainement de boucles de natation (1 km ou 500 m) et de course à pied (4 km ou 8 km) avec, pour chaque tour, un temps limite de plus en plus réduit pour accéder à la boucle suivante (jusqu’à 5 tours) et un départ toutes les 60 minutes ou toutes les 40 minutes selon le format.

À mon âge désormais avancé (sniff), et surtout avec plus de 30 ans d’expérience dans le milieu sportif, je commence à avoir vu un grand nombre d’épreuves, que ce soit comme participant ou comme journaliste. J’étais reparti de la première édition de la YOTTA avec le sentiment d’avoir assisté à la naissance de quelque chose qui pouvait devenir grand. Le plus dur est souvent de confirmer. C’est fait ! Avec 675 participants contre 200 l’an dernier, la YOTTA a su séduire et profiter d’un incroyable bouche-à-oreille généré par les témoignages enflammés et passionnés des « pionniers » venus inaugurer la formule il y a un an.

Que ce soit le samedi sur la YOTTA XP, le format « long », ou le dimanche sur la YOTTA XPS, le format plus court, l’expérience fut intense pour tous. L’obligation de gérer son effort pour espérer aller au bout de l’expérience avec à chaque tour, les jambes qui s’alourdissent et le temps qui semble filer toujours plus vite. Un dernier sprint, le regard fixé sur ce chrono qui égrène les secondes avant la sanction du cut-off mais toujours ce public qui pousse pour offrir un dernier souffle et porter l’espoir d’une boucle supplémentaire. Puis tout s’enchaine.

À peine quelques secondes pour savourer, à peine quelques minutes pour se réhydrater, s’alimenter. Dans la zone de transition, on discute, on partage. Ici, le seul adversaire est le chrono et cet obsessionnel cut-off. Le compte-à-rebours annonce déjà les dernières secondes avant le prochain départ. Remettre le bonnet, les lunettes, les plaquettes, le pull-buoy … Vite, toujours plus vite. Et à nouveau trouver son chemin au milieu de l’Allier, se faire sa place pour franchir les bouées et grappiller de précieuses secondes qui feront peut-être la différence au moment d’affronter la barrière horaire suivante. Au bout de l’effort, tous ont encore la force pour sourire. Même ceux qui n’ont pas réussi à battre le chrono sourient à peine la ligne franchie avec la sensation d’avoir passé un moment différent. La Yotta est une course certes. Mais elle est aussi un jeu.

L’an dernier j’avais peur que l’épreuve soit considérée comme trop exigeante pour le « commun des mortels » de mon type, entraîné certes, mais pas franchement performant. L’édition 2023 m’a prouvé le contraire. Preuve de l’accessibilité du format YOTTA XPS, 90% des 194 coureurs au départ ont pu s’élancer dans la troisième boucle et pour les plus performants, 74, soit plus d’un tiers, ont réussi à se qualifier pour la cinquième manche.

Dans la course féminine, si seules cinq athlètes sont parvenues à boucler la quatrième boucle en moins de 25 minutes synonyme d’accès à l’ultime tour, toutes les femmes au départ avaient franchi le premier cut fixé à 40 minutes. Mieux encore 92% des participantes ont pu prendre le départ de la troisième boucle.

Jamais facile de prévoir l’avenir d’une épreuve aussi prometteuse soit-elle. Mais le professionnalisme de l’organisation, salué par tous, des meilleurs athlètes mondiaux souvent très impressionnés (et pourtant ils en ont vu et des prestigieuses !) aux amateurs traités au même niveau que les champions, la passion de Sacha Rosenthal et de ses équipes, la réflexion permanente autour des pistes d’amélioration (il faudra par exemple trouver comment retenir le public), et évidemment les moyens engagés conséquents, laissent espérer de très belles choses pour la YOTTA. Très sincèrement, elle le mérite.

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